Les Larmes de Hegel

  • Titre : Les Larmes de Hegel
  • Texte : Olivia Bianchi
  • Dessin : Édouard Baribeaud
  • Éditeur : Ollendorff & Desseins
  • Collection : Le sens figuré
  • Date de parution : 2011
  • ISBN : 978-2-918-00208-6
  • Pages : 182 pages (160x210 mm)
  • Ouvrage publié avec le concours de : Centre national du livre

Présentation par lʼéditeur

Hegel. Le nom seul interdit. Serait-ce un monument ? Une façade redoutée ? Une sorte de Loubianka de la pensée qui fait quʼon presse le pas en traversant la place — quʼon abrège sa pensée lorsquʼon doit sʼy confronter ? Ou sʼagirait-il dʼun mausolée, un vestige, la trace dʼune arrogance brisée par lʼhistoire ? Une sorte de muraille de Chine alors, un vain défi à lʼétendue, à lʼabsolu — mais un défi suffisamment imposant pour nous interdire.

Que dit Hegel qui nous interdit ?

Que disait-il ? En quoi demeurons-nous nécessairement hégéliens — lorsquʼil est question de questionner notre présent, de lui porter la contradiction, de refuser les lieux communs ? Lorsquʼil est question de sʼindigner contre les manœuvres dʼabêtissement toujours plus insidieuses de nos maîtres ?

Ce nʼest pas que Hegel soit une solution. Nous ne recherchons pas de solution. Nul nʼa jamais besoin dʼune solution. Nous recherchons — difficile à dire… Nous recherchons lʼépure, le point de déclenchement de la pensée, un point de départ qui nous permette dʼévaluer — évaluer le temps présent, les contradictions à lʼœuvre, notre rôle, dicté ou improvisé, dans cette vaste comédie — mais qui dicte ? qui improvise ? » suite…

Un marathon philosophique

par Olivia Bianchi

Beaucoup de commentateurs sʼaccordent à dire de Hegel quʼil est un philosophe difficile à lire. Il est vrai que la complexité du propos et le style, avouons-le, peu amène de notre auteur forcent le lecteur à des contorsions de lʼesprit qui ont pu parfois entraîner dʼ« inouïs maux de tête »… Quiconque voudrait commencer par philosopher avec Hegel prend le risque dʼêtre très vite découragé dans son entreprise et de renoncer du même coup à satisfaire cette exigence hégélienne quʼest le besoin de philosopher. Et quelle issue fort dommageable ! car ce serait par la même occasion se priver de la lecture dʼautres auteurs sans doute plus adéquats pour mener à bien ce rite initiatique.

Alors, oui, lire Hegel exige une certaine maturité philosophique ; mais, celle-ci atteinte, mieux vaut encore le lire à dose homéopathique : un effet de surdosage peut également sʼavérer rédhibitoire. Bref, prétendre dʼemblée lire Hegel, cʼest un peu comme vouloir courir un marathon sans avoir jamais suivi dʼentraînements.

Oui, la réputation de Hegel est celle dʼun philosophe peu plaisant à lire, sans pétulance. Il nʼen demeure pas moins que son texte majeur, la Phénoménologie de lʼesprit, figure parmi les monuments de lʼhistoire de la philosophie. Et il nʼest que de compter les philosophes qui ont redéployé certains de ses concepts, tel celui de « la dialectique du maître et du serviteur » — concept à succès, sʼil en est, de la maison Hegel — pour sʼen persuader.

— Du reste, de quoi y est-il question ? » suite…

Lʼauteure

Olivia Bianchi est Docteure en Philosophie de lʼUniversité de Paris I (Panthéon-Sorbonne). À lʼissue de sa thèse consacrée à Hegel, elle a enseigné la philosophie de lʼart successivement à lʼUniversité de Paris X, à lʼUniversité de Paris 8 et désormais à lʼUniversité de Paris 7. Outre une série dʼarticles consacrés pour la plupart à des questions dʼesthétique philosophique, elle est lʼauteure de Hegel et la peinture (sa thèse de doctorat, 2003) et La haine du pauvre (2005), deux ouvrages publiés aux éditions de LʼHarmattan.

Trois questions à Olivia Bianchi

1. On imagine mal ou rarement un philosophe pleurant. Disons quʼon imagine mal Hegel versant des larmes. Est-ce une question dʼintimité ? dʼincompatibilité avec lʼexercice de la pensée ?

OB — Cʼest vrai quʼon imagine assez mal un philosophe versant des larmes. Deux exemples majeurs viennent pourtant contredire cette imagerie. Héraclite, dʼabord, qui pleure de tout quand Démocrite rit de tout… Nietzsche, ensuite, qui sʼeffondre en larmes, sʼaccrochant au cou dʼun cheval quʼil croit maltraité par son cocher sur la place Carlo Alberto à Turin en 1888. Autrement dit, un philosophe pleure soit par mélancolie (Héraclite) soit par la folie (Nietzsche). Dʼailleurs ces deux cas sont très voisins lʼun de lʼautre, la mélancolie pouvant dans certains cas se dégrader jusquʼà atteindre un état de folie furieuse. Dans un cas comme dans lʼautre, les larmes stigmatisent lʼabandon de la raison. » suite…

Lʼillustrateur

Édouard Baribeaud, né en 1984, est un artiste franco-allemand. Il est diplômé de lʼÉcole des Arts Décoratifs de Paris en 2008. Il partage son temps entre Paris et Berlin. Il sʼexprime essentiellement par le dessin, la peinture, la vidéo ainsi que par lʼédition de livres dʼartistes. Il a publié dans divers journaux et magazines français et internationaux (Libération, Inrockuptibles, Frédéric Magazine, Nieves Books). Il a reçu en 2008 le prix de La Fondazione Claudio Buziol à Venise et il a été sélectionné pour une résidence dʼartiste en Allemagne à Schloss Plüschow en 2009. Il expose dans des galeries et musées en France et en Allemagne. [ Site personnel ]

Trois questions à Édouard Baribeaud

1. De ce que tu donnes à connaître de ton parcours, il semblerait que la philosophie ait été assez présente. Au moins comme signe de reconnaissance. En quoi la philosophie inspire-t-elle le dessin et en quoi le dessin sʼautorise-t-il à questionner philosophiquement ?

EB — En effet, les références à la philosophie étaient plus ou moins présentes dans mon travail antérieur. Soit dans le choix de mes titres de dessins, qui font parfois référence à des textes philosophiques, soit par la représentation assez récurrente de la figure du philosophe face à la nature.

Ce qui mʼa intéressé dans Hegel, cʼest le fait quʼil soit un penseur très structuré, logique. Au premier abord, sa pensée semble plutôt stricte et austère si on la compare à la philosophie de Nietzsche, par exemple, qui est bien plus évocatrice dʼimages. Lʼécriture de Hegel est complexe à comprendre et difficile à appréhender. Je ne voulais pas trop me plonger dans la dialectique hégélienne de peur de mʼenfermer dans une sorte dʼintellectualisation qui mʼaurait empêché de voir la force des images du texte de Hegel. Cʼest pour cela que jʼy suis allé de manière intuitive et que jʼai réalisé des dessins qui, me semble-t-il, sont plus des évocations que des illustrations de la pensée hégélienne. » suite…

Les Larmes de Hegel en d'autres langues

Les Larmes de Hegel entame une carrière internationale. Le titre est disponible en coréen.

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